FIT
Doris Hardeman & Baker Wardlaw
01.11 - 05.12.20
L’exposition FIT réunit les travaux de Doris Hardeman et Baker Wardlaw. Dans l’espace, une série de pièces accrochées au mur, des installations, des bottes de pailles. Parmi ces dernières, toutes servent à s’asseoir, sauf une, présentée comme une sculpture.
Et si l’on prenait le système capitaliste comme un indice, afin de comprendre les relations complexes et souterraines qui se jouent entre les structures néolibérales et nous ?
.a wooden roof made up by a dad for his son in a normative world. A fake shelter. The father who says to his son: « Look what I did for you and what you also will do with your own son. » Mirror. Horror.
C’est l’âge de la transformation, l’enfant qui devient un travailleur·euse productif·ve dans l’économie occidentale capitaliste. L’enfant qui perd une partie de son imagination, de ses rêves de mondes alternatifs pour entrer dans un monde fabriqué par des relations économiques néolibérales. C’est l’entre deux mondes : la première fois que l’enfant, devenu·e adolescent·e, accède à un travail, une fiche de paie, une carte bancaire.
.the paper boy·girl figure, this child that delivers the newspaper in the streets.
Ce qui réunit ce que l’on voit, c’est l’analyse des catégories qui apparaissent parfois si fluides dans les sociétés modernes en Occident. Elles sont inquestionnées. Cette exposition propose le pas de côté, la mise en perspective des conventions qui nous façonnent de manière insidieuse.
. deformed mirrors, safety yellow, market data page. You see yourself in the market. Making yourself visible with the mirror, you see yourself in the financial time. It is a convention that makes it legible to other systems, that shows how you can read things.
« Est-ce que tu as choisi les dates ? » Normalement il y a une logique dans le choix des pages, mais là pas. Les pages du journal deviennent obsolètes.
. an orange cat that wanders through the exhibition. Garfield came in. Apart from that, Garfield hates Mondays, Mondays as a symbol of the capitalistic day to work.
Les pièces Garfield dévoilent la circulation des objets marchands. Chaque Garfield est produit dans un autre pays, une autre période, sous des licences différentes. Leurs formes finales mises bout-à-bout traduisent la différence entre les contextes géographiques et temporels desquels ils proviennent.
. a big drawing printed out in the space. Straight lines that speak about optimization and reduction. There is something around improvement. Each time you get a better optimization, you lose some quality. If it’s cheaper, it’s less well made. If it’s made faster maybe it’s more fragile.
Une personne boit une bière assise sur une botte de paille. La botte de paille comme image de la mesure comme norme. La nature condensée qui devient une unité. Chaque unité se répète à l’infini, excepté, ici, une seule. Elle est sculpture. Elle devient l’image de la botte de paille. La botte de paille parfaite. La sculpture plutôt que l’unité optimisée.
Le troll de petite taille nous tire la langue, sa petite sacoche sous le bras. Il rappelle les figures de l’enfance occidentale, avec ses figures mythologiques façonnant la construction sociale des enfants. C’est le troll qui accompagne, qui crée une sorte de sentiment d’étrangeté.
Aussi étrange que ces grandes échelles sous forme de silhouettes élancées déséquilibrées qui traversent l’espace sans jamais atteindre les plateformes vers lesquelles elles tendent. Les contes de fées sont utilisés pour instruire le fonctionnement du monde. Portés par une idéologie, ils développent un imaginaire figé. Un bloc de construction de la socialisation de l’enfance vers l’âge adulte.
Les deux artistes portent dans leurs travaux réunit pour FIT une attirance méfiante pour des codes et des conventions intégrées et fluides de la culture occidentale. Ce sont des connaissances tacites, inquestionnées, parfois complètement intégrées mais incomprises du monde normatif, du quotidien dans la société qui, ici, est la nôtre.