Nicolas
Nicolas Delaroche, Nicolas Geiser, Nicolas Haeni & Nicolas Raufaste
25.03 - 15.04.17

Les vitrines sont obstruées de blanc. Dans le sas d’entrée complètement noir, une vidéo où le texte "Entrée libre" apparaît à l’écran. À l’intérieur de l’espace les néons sont colorés, la lumière est diffuse, le rose et le orange se mélangent. Il y avait des bancs pour le vernissage, des bancs d’exposition, comme ceux que l’on retrouve dans la plupart des lieux institutionnalisés. Ils étaient disposés de façon à pouvoir s’asseoir pour regarder les photos au murs.

Les photos sont disposées en quadrillage, selon un ordre qui paraît assez mathématique mais finalement plutôt organique, toutes en noir et blanc et collées à même le mur. Ensemble elles forment de nouveaux rectangles plus grands, et les motifs visuels se répètent et s’entremêlent. Il y a comme trois «frises» de carreaux de photographies au mur.

L’espace semble proposer une narration, j’en cherche quelque part le scénario. Et peut-être plus encore qu’à aucune autre exposition, je sens qu’il va falloir que je me raconte une histoire pour entrer. Assez instinctivement j’ai envie de me réfugier derrière un livre. Coïncidence ou ironie, ce sera le livre d’un autre Nicolas qui parle de la post-production.

Même si ses réflexions portent autour des artistes des années 90 et que je sens dans ce je vois, qu’il y presque trente ans d’écart, c’est un point d’ancrage pour constituer mon récit personnel. Nicolas Bourriaud utilise ce mot «post-production», qui est habituellement un terme technique du milieu de la télévision, du cinéma ou de la vidéo, et qui serait l’ensemble des traitements effectués sur un matériel enregistré, comme le sous-titrage, la colorimétrie, pour nommer une catégorie d’artistes. Ces artistes sont affilié·x·es au monde du service et du recyclage et ne produisent pas de matière brute. Lorsque Bourriaud leur applique ce terme, il parle de celles et ceux qui interprètent, reproduisent, réexposent ou utilisent des oeuvres réalisées par d’autres, ou encore des produits culturels disponibles. Et les aller-retour entre les travaux de chacun des Nicolas pour constituer les collages de leur photographie semblent s’inspirer directement de cette pratique de la post-production...

[extrait d’une lecture pour le finissage de l’exposition "Nicolas"]